Les hommes mais pas les pierres
Lors des évènements du mois de mars,
l’église de Saint Sava, seule église orthodoxe présente
à Mitovica sud a été totalement détruite
par les Albanais. Une catastrophe, aussi bien pour les Serbes du Kosovo
que pour les soldats de la KFOR qui ont dû choisir de sauver les
personnes plutôt que les biens.
Barbelés et cadenas verrouillent le lieu saint. Le contingent
belge de la brigade
multinationale Nord-est de la KFOR, présente dans l’enceinte
du monument qui borde les quartiers du bataillon Marocain de Mitrovica
sud, surveille les restes de l’église et les bâtiments
alentours pour éviter toute intrusion. De la route, l’édifice
en pierre paraît intact, seules les dizaines de vitres brisées
laissent imaginer les dégâts à l’intérieur
de l’édifice. En arrivant sur les lieux du désastre,
la vision est toute autre. Les quelques bâtiments et dépôts
qui bordaient Saint Sava sont totalement détruits par les flammes.
Seules les dalles de bétons n’ont pas bougé, intemporelles.
Des inscriptions pro albanaises tapissent les murs. « Kosovo UCK
». Au milieu des restes, Saint Sava trône, morte et violée.
Aucun son, aucune lumière ne sort du lieu de culte. Tout est
noir, tout est saccagé dans la seule église orthodoxe
de Mitrovica sud.
Saint Sava a connu ses dernières heures lors de la flambée
de violence qui a dégénéré à Mitrovica,
le 18 mars dernier. Ce jour là, surpris par le nombre d’Albanais
cernant l’édifice, les soldats marocains qui avaient pour
mission de protéger le monument et ses occupants ont vu cette
église ravagée par les flammes, l’un des plus grands
symboles orthodoxes des Serbes du Kosovo. La priorité était
de protéger les hommes, pas les biens. Ce jour là, les
soldats marocains présents lors des évènements
ont fait leur devoir. Ils ont réussi à évacuer
le pope qui habitait l’une des maisons bordant l’église,
elle aussi détruite par les flammes.
Les règles de sécurité des militaires
sont strictes. « Nous sommes soumis à des règles
de légitime défense » explique le sous-chef opération.
Une règle qui autorise les militaires à faire usage de
leurs armes seulement lorsque des vies sont en jeu.
Ce jour là, seule l’église était
mourante.
Bertrand RIOTORD