Carnet de route, 16 mai
English spoken…
Le lundi au Kosovo c’est english spoken ! En demi groupe nous
ferons des « cars patrol ». Un groupe partira avec une patrouille
française, l’autre avec une patrouille danoise. Je suis
de celles qui iront avec les danois (wouah la chance !).
Il est 8h30, alors que François, Sylvia et Cyril sont partis
à 8h00 avec la patrouille française, Sophie, Marion, l'aspirant
Viaud et moi attendons nos amis danois. Ils arrivent. Nous récupérons
nos FRAG et c’est parti pour une journée où l’anglais
est de rigueur. Ha ! Les militaires danois, c’est tout une histoire...Bon
je ne vais revenir sur le fait qu’ils soient blonds aux yeux bleus
et super baraqués, mais il faut quand même le préciser.
Allez on charge les FRAG dans le mini-bus et nous voilà partis
pour le bataillon danois. Après une vingtaine de minutes nous
y sommes. C’est le chief of staff (...) qui nous accueille et
nous annonce le programme de la journée. Nous allons commencer
par un exposé sur les missions et la zone d’intervention
du BATDAN.
Les danois gèrent une zone assez vaste et très spéciale,
puisqu’il y a une zone serbe, une zone albanaise et une zone multiethnique.
Ils font des patrouilles en voiture qui durent entre 3 et 4 heures.
Un sergent nous présente sa section et nous voilà en immersion
danoise totale….Pour commencer une présentation du matériel
et du véhicule anti-émeute. C’est vraiment impressionnant
de voir un engin pareil ! Ils nous montrent tout leur attirail et passent
la tenue … Il doit faire au moins 20° (à l’ombre)
et les soldats enfilent casque, protections, gilet pare-balles. Ils
nous sortent toutes les armes qu’ils possèdent et leurs
munitions. C’est énorme ! Ils ont à peu près
la même tenue et les mêmes engins que les gendarmes français
de la section de maintien de l'ordre. Le plus impressionnant dans l’histoire,
c’est qu’ils nous disent qu’ils rentrent à
10 (avec tout leur matériel) à l’arrière
du véhicule de l'avant blindé (VAB). Dans la foulée,
nous assistons au brief des militaires partant en patrouille. Ce n’est
pas évident d’écouter, de comprendre et d’assimiler
l’anglais (surtout quand au milieu se glissent quelques phrases
en danois!) Bref, l’officier en charge des patrouilles demande
aux militaires de partir, tandis que Marion et moi sommes priées
de rester dans cette salle…Pas très rassurées….
Mais que se passe-t-il ? L’officier commence à nous dessiner
des schémas et nous parle de « security ». Sur ce,
nous descendons rejoindre notre patrouille. Nous avons face à
nous des jeunes hommes âgés de 19 à 23 ans. Nous
les regardons charger la P4 (4X4 militaire). Avec ce que nous avons
entendu il y a quelques minutes, nous nous demandons où nous
allons. A peine le temps de charger la voiture, ils prennent leurs armes
et… nous font faire une démonstration «security »
au cas où il se passe quelque chose. Très drôle
d’être entourée de deux gardes du corps danois. La
simulation : nous marchons, nous marchons, d’un coup l’officier
en tête de la patrouille signale le danger. Et hop, nous voilà
un genou à terre, les militaires avec leur fusil en joue. Le
groupe de tête annonce au groupe de derrière qu’il
se replie et le reste du groupe assure sa sécurité pendant
le repli. Cet exercice est répété jusqu’à
notre retour au point de départ, notre P4. Simulation terminée,
nous allons déjeuner.
A 12h00 pile, nous partons en patrouille. Marion monte à bord
de la première P4, moi à bord de la seconde. On se sent
protégé, entouré de trois militaires armés,
mais…pas rassuré. Nous empruntons l’axe "Chiken"
pour la mise en place d’un chekpoint mobile. Après une
demi heure de route chaotique dans la montagne, nous posons le chekpoint.
Ha oui, j’allais oublier, dans ma P4 nous avons eu droit à
une bonne blague !! Nous traversons la vallée pour arriver en
haut d’une montagne, qu’il faut redescendre pour atteindre
l’endroit du chekpoint , et là, le conducteur se rend compte
que … nous n’avons plus de frein… Nous descendons
au frein moteur. Le chekpoint installé, les militaires arrêtent
arbitrairement les voitures et contrôlent les papiers. Ils répertorient
tous les véhicules arrêtés sur une feuille détaillant,
le nom du conducteur, le nombre de personnes à bord, ainsi que
le numéro des plaques s’il y en a. Le responsable de patrouille
lance un appel radio signalant qu’une des deux voitures n’a
plus de frein. Nous abandonnons quatre militaires et notre P4, pour
récupérer l’autre et continuer la patrouille. Les
militaires restés sur le coté de la route seront remorqués
par une dépanneuse qui ne devrait pas tarder.
Nous voilà reparties Marion et moi, dans la même P4 avec
cette fois-ci, deux militaires. Nous continuons notre patrouille et
c’est par la "Légionnaire road" que nous arrivons
à Banjska. Nous faisons le tour du village et découvrons
le Kosovo sous un autre œil. Nous sommes du côté serbe,
ici les gens vivent dans la campagne. Il y règne une autre ambiance
que dans les enclaves du côté albanais. Nous arrivons par
une route de campagne sur la ville de Zvecan (vers « Mitro»
Nord). Les militaires nous offrent une crêpe et une canette de
Faxe Kondi (limonade danoise). Ce petit goûter nous fait bien
plaisir, et, nous permet de visiter une petite église orthodoxe
située au cœur de la ville. Les crêpes avalées,
nous devons rentrer… Et oui, la patrouille se termine dans quelques
kilomètres. Pour faire durer le plaisir, nous faisons un détour
par Brdani (ligne de contact entre les deux ethnies), où une
vue panoramique de Mitrovica s’offre à nous. Nous prenons
le temps de faire quelques photos et nous repartons sur le camp danois.
Encore une bonne journée, totalement différente tant
dans l’ambiance que dans la façon de travailler. Les danois
sont des gens vraiment sympas, ouverts et très serviables…Le
départ est proche, c’est dommage… Quoi qu’il
en soit, nous rentrons encore avec des images plein la tête.
Frédérique Vitalis