REPORTAGE 2005
12
mai - découvrir
13
mai - deux cultures
13 mai -
avenir en suspens
13
mai - proximité
13 mai - hôpital
14 mai - hypermarché
14 mai - héros
14 mai
- petit paradis
14 mai - avenir
du Kosovo
15
mai - passion explosion
15
mai - malaise sans nom
15 mai - histoire
d'amour
15
mai - grande muette
16
mai - bonheur retrouvé
16 mai - les Danois
16 mai - les larmes
16 mai - jeunesse
17 mai
- si beau, si froid
17 mai
- tombeau de l'avenir
17 mai - les femmes
18
mai - rêve européen
18 mai - film city
18 mai - entretien
journaliste
CARNET DE ROUTE
11 mai - départ
12 mai - impressions
13 mai - Mitrovica
14 mai - à fleur de peau
15 mai - c'est dimanche
16 mai - exercices
17 mai - english spoken
18 mai - faux départ
INSOLITE
Grande muette ?
Ferrari
Armes
navette
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ARTICLES
Editorial
Histoires du
Kosovo
Sociétés
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Kosovo
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Il
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Portrait Spahis
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Le
voyage de presse 2004
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La Grande Muette ne laisse plus
communiquer à sa place
Le principe est connu. L’armée française a mis
du temps à l’assimiler : si vous ne communiquez pas, d’autres
le feront à votre place. Longtemps la presse a vilipendé
l’armée pour ses silences et ses non-dits. La Grande Muette
était née.
C’est seulement lors de la première guerre du Golfe (1991)
que l’institution s’est résolue à jouer la
transparence. La communication en est donc encore à ses balbutiements
mais la cellule est bien installée. Son nom ? PIO, Press Information
Office. Un sigle à ajouter au déjà large panel
d’acronymes militaires très british ! La véritable
explication tient surtout au fait, toutefois, que cette nouvelle forme
d’action militaire est largement inspirée du modèle
anglo-saxon. Le PIO se compose de trois cellules : la radio Azur FM
(francophone et diffusée dans la zone française) animée
par trois militaires, le Webmaster et le PIC (Press Information Center,
appelé aussi Centre de presse). Quand la France est intervenue
au Kosovo, elle n’a pas mis sa langue dans sa poche. Tout son
arsenal de « com » a suivi les troupes. Dans le jeu de la
communication militaire, « je choisis le PIC ».
Le PIC a pris ses quartiers dans le sud de Mitrovica, au SDK (le quartier
« serment de Koufra »). La communication externe constitue
le cœur de la mission du PIC. Toute une interaction s’établit
entre le centre de presse et les journalistes.
D’une part, le PIC s’adresse à la presse locale.
C’est notamment le cas lorsqu’elle souhaite faire passer
un message, en organisant une conférence de presse par exemple.
La Brigade multi-nationale Nord-Est (BMN-NE) n’hésite pas
à recourir à tous les outils de la « com ».
La Grande Muette manie aussi bien le « media opportunity »
que le « press release ». Le « media opportunity »
consiste à inviter les journalistes à accompagner les
militaires sur une action ; le « press release » est la
« com » de compte-rendu par excellence : parce qu’elle
n’est pas sûre de la réussite d’une de ses
actions, la BMN-NE attend d’en voir le résultat pour contacter
les journalistes. Si elle n’est plus muette, l’armée
peut être momentanément aphone.
D’autre part, le PIC prête très attention à
ce qui s’écrit dans la presse ou qui se dit aux infos.
« C’est une véritable source d’informations
», martèle le chef du Centre de presse. Le moindre article
est traduit, analysé, le « JT » est examiné
à la loupe et le tout transmis à la hiérarchie.
La cellule communication a un rôle à jouer en termes de
renseignement. Le chef du PIC n’hésite d’ailleurs
pas à considérer sa mission comme celle d’un médiateur
: « Il faut couper l’herbe sous le pied à la rumeur,
sentir les trucs. On est de véritables capteurs d’infos.
On est donc en capacité d’alerter ». Plus récemment,
le Centre a décidé, comme l’explique la porte-parole
du PIC, « de travailler plus en amont pour prévenir l’étincelle
qui peut mettre le feu à la paille ». Car elle court la
rumeur au Kosovo. En mars 2004, ce sont des journaux qui ont mis le
feu aux poudres en affirmant que des Serbes avaient tués trois
enfants albanais avant de les jeter dans le fleuve Ibar. En se mettant
au pli de la communication, l’armée souhaitait légitimer
ses actions aux yeux du public. Elle n’attend plus une révélation
médiatique pour en venir aux explications. Mais surtout cette
vocation naissante lui permet de renforcer ses capacités de renseignements
et de prévenir des drames susceptibles de saper son action sur
le terrain. L’armée ne donne pas de la voix pour rien.
Sylvia Souillet-Désert
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