REPORTAGE 2005
12
mai - découvrir
13
mai - deux cultures
13 mai -
avenir en suspens
13
mai - proximité
13 mai - hôpital
14 mai - hypermarché
14 mai - héros
14 mai
- petit paradis
14 mai - avenir
du Kosovo
15
mai - passion explosion
15
mai - malaise sans nom
15 mai - histoire
d'amour
15
mai - grande muette
16
mai - bonheur retrouvé
16 mai - les Danois
16 mai - les larmes
16 mai - jeunesse
17 mai
- si beau, si froid
17 mai
- tombeau de l'avenir
17 mai - les femmes
18
mai - rêve européen
18 mai - film city
18 mai - entretien
journaliste
CARNET DE ROUTE
11 mai - départ
12 mai - impressions
13 mai - Mitrovica
14 mai - à fleur de peau
15 mai - c'est dimanche
16 mai - exercices
17 mai - english spoken
18 mai - faux départ
INSOLITE
Grande muette ?
Ferrari
Armes
navette
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ARTICLES
Editorial
Histoires du
Kosovo
Sociétés
ou minorités ?
Deux histoires
divergentes
Statu quo du
Kosovo
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Il
y a un an : la violence ?
Portrait Spahis
Glossaire
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Avenir en suspens photo
en bas de page)
L’interrogation est lancinante. Mon impression
de normalité ne m’a pas quittée, suscitant le doute
et les craintes. Rien de ce que j’ai encore pu apprendre aujourd’hui
ne me permet de penser que le retrait des forces du Kosovo est envisageable.
A court ou à moyen terme.
Pourtant cette année, il est prévu d’évaluer
l’accomplissement des standards (les normes à satisfaire
telles que la libre circulation qui, si elles sont accomplies, constituent
les prémisses d’un retrait). Le commandant Ariza, chef
en charge des renseignements, se montre plutôt sceptique : «
Les standards, c’est un plâtre sur une jambe de bois ».
L’économie est plus que précaire, les gangs ont
mis la main sur les mannes financières et le fossé ethnique
est loin d’être comblé. Sans oublier que les deux
composantes de la province tendent à deux objectifs diamétralement
opposés : les Kosovars d’origine albanaise (KOA) souhaitent
ardemment leur indépendance tandis que les Kosovars d’origine
serbe (KOS) prient pour leur survie.
La province vit sous perfusion de la communauté internationale.
Et je crois que les habitants se sont tellement habitués à
cette présence qu’ils n’envisagent pas une autre
configuration. Seraient-ils en situation de dépendance ? La question
mérite d’être posée. Au retrait des troupes,
le sevrage pourrait alors être explosif. D’ailleurs le commandant
Ariza n’en fait pas doute : « Le risque de crise est sérieux
si l’on se retire ».
D’autant que les étincelles ne sont jamais loin de mettre
le feu à la paille. En déambulant dans les rues de Mitro
nord (partie de Mitrovica à majorité serbe), j’ai
pu prendre conscience de cette réalité. A la vue des appareils
photos une vieille femme a ramassé une pierre, nous menaçant
de la jeter. Elle haranguait le public d’un message agressif à
notre égard. A croire que les populations attendent la raison
qui légitimerait un nouveau soulèvement. Une attitude
confortée par les propos de certains politiques qui bercent dans
l’extrémisme à l’image de Iuncic Marjah du
Conseil national serbe. Pour lui, « l’avenir, c’est
la guerre ».
Sans tomber dans des prospectives aussi tragiques, on peut néanmoins
se demander si le futur est réellement préparé.
Le kosovo sans forces armées est-il viable ? Le pont d’Austerlitz
qui coupe la ville de Mitrovica en deux cristallise une « frontière
» officieuse mais intangible. Les ethnies ne se mélangent
pas. Sur le plan médical, l’hôpital de campagne marocain
est le lieu privilégié de soins. Les médecins locaux
surchargés relèguent souvent leurs cas complexes aux alliés
du Maroc. Avec plus de 255 000 admissions le bâtiment est devenu,
pour les habitants, leur hôpital. Aucune formation n’est
assurée aux personnels locaux afin qu’ils puissent assurer
la relève. Le capitaine El-Ayyadi, du bataillon marocain, est
affirmatif : « Quand nous partirons, nous retrouverons la situation
d’avant 1999. Nous pourrions laisser le matériel mais du
matériel sans personnel compétent… » Un projet
était à l’étude afin de former les médecins
locaux. Il n’a pas abouti faute d’un budget.
Le désengagement est en marche. Les effectifs se réduisent,
les camps s’éloignent des villes pour habituer la population
à un retrait progressif. Mais les soldats tiennent les check-points,
ils patrouillent dans les rues, les voitures des forces circulent sans
cesse.
L’accoutumance a été créée. Il va
maintenant falloir trouver le bon « patch » pour gérer,
sans heurts, le départ des troupes.
Sylvia Souillet-Désert
photo François Guinle
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