REPORTAGE 2005
12
mai - découvrir
13
mai - deux cultures
13 mai -
avenir en suspens
13
mai - proximité
13 mai - hôpital
14 mai - hypermarché
14 mai - héros
14 mai
- petit paradis
14 mai - avenir
du Kosovo
15
mai - passion explosion
15
mai - malaise sans nom
15 mai - histoire
d'amour
15
mai - grande muette
16
mai - bonheur retrouvé
16 mai - les Danois
16 mai - les larmes
16 mai - jeunesse
17 mai
- si beau, si froid
17 mai
- tombeau de l'avenir
17 mai - les femmes
18
mai - rêve européen
18 mai - film city
18 mai - entretien
journaliste
CARNET DE ROUTE
11 mai - départ
12 mai - impressions
13 mai - Mitrovica
14 mai - à fleur de peau
15 mai - c'est dimanche
16 mai - exercices
17 mai - english spoken
18 mai - faux départ
INSOLITE
Grande muette ?
Ferrari
Armes
navette
du ciel
ARTICLES
Editorial
Histoires du
Kosovo
Sociétés
ou minorités ?
Deux histoires
divergentes
Statu quo du
Kosovo
ACTUALITES
Deux
maisons, une famille
Changer
la vie des gens
Il
y a un an : la violence ?
Portrait Spahis
Glossaire
Le
voyage de presse 2004
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Une jeunesse exemplaire
Dans un nuage de fumée, la voiture hoquette sur les chemins
arpentés, « au début on s’est fait de bonnes
frayeurs », confie notre conducteur du haut de ses vingt-trois
ans. Sur le bord des routes, les habitants profitent du soleil, se promènent
et regardent les voitures passées. Ils saluent au passage de
la P4 danoise, nous sourient. A la vue de l’appareil photo, une
petite fille profite que le véhicule soit à l’arrêt
pour courir vers nous. Elle pose aux côtés de deux soldats,
affiche son plus beau sourire, semble très fière. Cette
scène n’étonne pas les soldats de notre patrouille.
Côtoyer la population fait partie de leur mission, « parfois,
on participe à des activités organisées par les
ONG, comme des matchs de football ».
Leur tache principale est néanmoins tout autre. Chaque après-midi,
ils installent sur une route des check point mobiles et contrôlent
les véhicules. Les questions sont simples : de quelles villes
venez-vous, où vous rendez-vous et pourquoi. Nous sommes à
Banov Do, au nord de Mitrovica dans la partie serbe du Kosovo. Sur cette
route étroite qui dessert la vallée, le trafic est loin
d’être intense. Pourtant toutes les voitures ne sont pas
systématiquement arrêtées « dans celle-ci,
une femme est endormie à l’arrière. Ils n’ont
pas l’air de poser un problème, on ne va pas les arrêter
longtemps, ça serait dommage de la réveiller ».
Cinq minutes plus tard, un véhicule sans plaque d’immatriculation
s’approche. Face à un conducteur qui n’est guère
plus âgé qu’eux, les soldats jouent la carte de la
proximité. « Elle est ici, regardez » dit l’homme
en montrant sa plaque où il est écrit KM. Après
avoir relevé son numéro et l’identité du
conducteur, la patrouille laisse passer le véhicule, saluant
le conducteur d’un grand sourire. Les soldats sont conscients
que rien ne prouve la bonne foi de leur interlocuteur mais ils effectuent
leur travail « le soir on rend compte de notre journée,
en livrant la liste des identités qu’on a relevé.
Elle servira à une base de données ».
Trente minutes plus tard, nous reprenons la route, laissant une équipe
au check point. Des boutiques, des rues étroites sillonnées
par de nombreux taxis, des jeunes qui lézardent sur les terrasses
improvisées, une chapelle orthodoxe grande ouverte … bienvenue
à Zvecan. « C’est ici qu’on sert les meilleurs
pancakes », nous informe notre équipe danoise qui ne résiste
pas à la tentation. Quant au bout de dix minutes nous nous apprêtons
à reprendre la route, un homme, visiblement bien éméché,
nous harangue, « une cigarette, une cigarette, s’il vous
plait ». Devant le refus des soldats, il montre une carte de l’UNMIK
Police, mais cela ne fait aucun doute, elle ne lui appartient pas. Ne
sachant pas trop comment réagir, les deux jeunes militaires tentent
un deal : une cigarette, contre l’objet trouvé. Mission
réussie : deux de leur cigarettes auront suffit pour récupérer
la carte.
Avant de monter à bord de leur P4, la jeunesse de nos équipiers
nous avait beaucoup surprises. Comment assumer un check point à
20 ans ? Comment être crédible face à des situations
aussi complexes ? Mais étrangement, je réalise qu’à
aucun moment il ne nous est pas venu à l’esprit de leur
demander ce qu’ils pensaient de la situation au Kosovo. En quatre
mois dans la province, ils auront sans aucun doute acquis une extrême
maturité. A tel point qu’ils semblent capables d’être
totalement détachés des événements, et ce
même lorsque l’on circule sur les hauteurs de Mitrovica
: voyant que l’on cherche à photographier les quartiers
ravagés, ils stoppent le véhicule, sortent avec nous,
constatent, mais restent silencieux.
Marion Touboul
Crédit photo : Marion
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