Reportage du 13 mai 2005 (reportage photo François
Guinle en bas de page)
Mitrovica : Un pont, une ville, deux cultures.
« Sur le pont Austerlitz, déplacer de cinq mètres
de simples fils barbelés peut être perçu, par la
communauté serbe comme un geste pro-albanais ». Le constat
du Lieutenant Leroux, chef du centre de presse de Mitrovica résume
bien la particularité de la situation de cette ville située
à une demi-heure de route du camp Français de Novo-Selo
( Nord Est du Kosovo). Elle est le point de partage entre les communautés
Serbe et Albanaise. A l’image de la province, la ville est coupée
en deux par une frontière, qui délimite deux cultures
antagonistes. En l’occurrence, la séparation est ici naturelle
; le fleuve Ibar. Il délimite Mitro-Nord, peuplé majoritairement
de Serbes , de Mitro-Sud et sa population Albanaise. Entre, les deux
, trois points de passage. Deux passerelles piétonnes, et un
point névralgique, le pont Austerlitz, seul accès pour
les véhicules civils et militaires. Sur place, il apparaît
comme une ligne de tension sous contrôle des forces de la KFOR.
L’armée se place ici comme un médiateur nécessaire
entre deux cultures qui coexistent plus qu’elles ne cohabitent.
Des deux cotés, les traces d’un passé douloureux
sont encore très présentes. Les ruines de l’église
incendiée de Saint Sava située à 500 mètres
du pont sont toujours placées sous surveillance des troupes de
la KFOR. Coté Serbe les inscriptions anti-UCK ornent les murs
délabrés des immeubles qui dominent le fleuve. Le pont
Austerlitz apparaît alors comme un lien bien mince entre deux
communautés que tout continue à opposer. Un pont qui,
sans la présence des soldats de la KFOR pourrait bien redevenir
le théâtre des combats interethniques. Tapi dans l’ombre,
le passé semble déjà prêt à ressurgir.
François Guinle