Une histoire d’amour détonante
(photo en bas de page)
Entre lui et les munitions, c’est une histoire d’amour.
L’adjudant-chef Chemin, 39 ans, est responsable de l’équipe
française de déminage à la brigade Nord-Est. «
Les mines, c’est comme les femmes, on apprend à les aimer
», confie-t-il. A la fois robuste et secret, ce légionnaire
a tout de l’image mythique de ces hommes. Sa mission, rare et
tout particulièrement explosive, ne fait que l’accentuer.
Ils ne sont que 80 soldats en France à travailler dans le déminage.
Quant on lui demande pourquoi il a choisi ce domaine, il répond
du tac au tac : « j’aime les munitions, tout simplement
». Drôle de passion. Peut-être le besoin d’adrénaline,
sans doute aussi le goût du risque « chaque opération
est différente, on n’est jamais à l’abri d’un
accident ». L’accident, le légionnaire l’a
connu au Cambodge, lors d’une de ses seize opérations extérieures,
« j’étais avec un homme de mon équipe, il
a glissé et a mis la main sur une mine. Il a perdu ses yeux et
sa main et moi, j’ai eu les poumons brûlés ».
Rien ne lui fait pourtant regretter sa spécialité, ni
ses nombreuses remises en question, ni sa vie de famille. Car si l’adjudant-chef
est en mission quatre à six mois dans l’année, il
vit le reste du temps à Avignon aux côtés de sa
femme et de ses deux enfants de 16 et 13 ans. « J’aime autant
ma vie en mission que ma vie chez moi, dans ma famille, mais jamais
je ne renoncerai à mon travail. Et puis j’ai une femme
en or, on se téléphone ». Dans quinze jours, il
sera de retour en France et pour fêter ça, le couple a
tout prévu : « resto et hôtel le soir même
». Depuis la nouvelle, l’adjudant chef décompte les
jours qui lui restent à passer au Kosovo. L’attente est
d’autant plus difficile qu’il est loin d’être
tombé sous le charme de la province. Il se dégage de ce
légionnaire un calme étonnant, une tendresse et une grande
générosité. Peut-être est-ce le résultat
de ses 22 années passées au service de la légion
étrangère. En tous cas, il ne regrette pas le jour où
il s’est engagé : « A 17 ans, j’étais
un branleur, la légion a fait de moi un adjudant chef, alors,
oui, j’estime avoir réussi. J’aime cet esprit de
famille, j’aime ce statut particulier au sein de l’armée
et j’ai plein de camarades ».
Après un été passé en famille, il partira
pour quatre mois en Nouvelle Calédonie et enchaînera avec
la Côte d’Ivoire, « j’adore l’Afrique,
c’est magnifique ».
Marion Touboul
Crédit photo : Marion Touboul