Le bonheur retrouvé d’un
Serbe exproprié.
Les gravats de l’ancienne maison de Milorad RADIVOJEVIC ne sont
même pas évacués, que dejà, son nouveau logis
est sur le point d’être achevé. Comme tous les serbes
du village de Svinjare, son domicile à été incendié
lors des évènements de mars 2004. Ce jour là, Milorad
à vécu un cauchemar. En quelques minutes il a vu sa propriété
entourée d’un groupe de jeunes albanais, armés et
munis de bombes incendiaires. La soudaineté de l’attaque
a juste laissé le temps aux soldats de la KFOR d’évacuer
la population serbe et de l’abriter au sein du « Belvédère
», camp français situé a proximité. Pendant
un an il a vécu à Zvecan avec sa famille. Dès lors,
ce quinquagénaire propriétaire d’une petite entreprise
dans le Nord de Mitrovica n’a qu’une idée en tête,
revenir sur sa propriété. ; « le jour même
de mon évacuation, j’ai écrit une lettre au représentant
spécial de l ‘ONU au Kosovo, pour lui demander une protection
afin de faciliter mon retour».
Aujourd’hui , il peut enfin le faire. Il est le 11eme serbe a
être revenu dans cette localité située au Nord de
Mitrovica. Il y a deux ans, 300 serbes habitaient le village.
C’est donc vêtu d’un bleu de travail et le sourire
aux lèvres qu’il reçoit les émissaires de
l’UNMIK. Sur le champs de ruines qu’il avait abandonné
figure à présent sa nouvelle maison .
Jusqu’ici, tout va bien…
Comme les autres habitants serbes de Svinjare, Milorad a bénéficié
d’aides financières et matérielles de la part du
gouvernement du Kosovo. Certes, tout n’est pas encore parfait
et pour l’instant il avoue « préférer vivre
dans un préfabriqué (installé au milieu de la cour)
et attendre que tous les travaux soient réellement achevés
».
Actuellement, il a choisi de ne revenir qu’avec son père
«pour tester l’ambiance». Selon la tournure que prennent
les évènements, sa famille le rejoindra avant l’hiver.
Autour de lui , beaucoup de maisons reconstruites mais encore vides,
car en attente de leur propriétaires légitimes. Lorsqu’on
lui demande s’il n’a pas peur de revenir à l’endroit
même où il a subi tant de violence et d’horreur il
affirme sans hésiter «n’avoir aucune crainte car
la KFOR est là ».
Bien conscient que cette présence ne sera pas éternelle,
il préfère «profiter du temps présent , sans
envisager le futur», masquant difficilement ses doutes «je
n’ai aucune confiance dans le KPS, beaucoup sont d’anciens
membres de l’UCK ; qui peut croire en ceux qui ont tué
des Serbes ?».
De toute façon cette terre , Mirolad se moque bien de savoir
si elle doit "...appartenir à l’Albanie ou à
la Serbie..". A ses yeux elle représente juste « toute
sa vie et bien plus, mes ancêtres vivent et meurent ici depuis
plus de 250 ans, pourquoi partir lorsque l’on est chez soi légitimement
?». Une question qu’il aimerait sans aucun doute poser à
ses voisins Albanais…
François Guinle.
Crédit photo François Guinle