Film city, le paradis du welfare
Situé sur les hauteurs de Pristina, le camp de Film city regroupe
le quartier général de la KFOR. Installé sur le
site d’anciens studios de cinéma, il accueille près
de 700 soldats et employés. Trente six nationalités sont
représentées, ce qui confère à l’endroit
des airs de tour de Babel. Le simple fait d’y entrer donne l’impression
d’effectuer un tour du monde des armées.
Au premier check point, tenu par des soldats Hongrois, succède
un second dans lequel des sous-officiers Allemands, Finlandais et Grecs
collaborent. Pour communiquer, pas d’espéranto, mais l’anglais
bien sur, à tous les étages et avec tous les accents.
Dans un coin du camp, le centre de conduite des opérations regroupe
des militaires de toutes les nationalités présentes. La
salle « batcave », cette ex-cave à chauve-souris,
a vu se dérouler la réunion inter-armées lors du
tout premier mandat en 1999. A l’entrée, une esquisse représente
cette rencontre, avec Bernard Kouchner en guest star. Dans le cœur
vital de la Kfor, l’heure présentée est celle de
New York, l’heure solaire, dite Zulu, celle de Baghdad et bien
sûr la locale. Là, les cartes sont masquées à
l’entrée des rares visiteurs, et les événements
sont suivis en temps réel. Chaque brigade possède son
officier de liaison afin d’éviter tout malentendu entre
les brigades et la Kfor.
La spécificité de Film city ne s’exprime pas que
par sa multiculturalité. Son architecture y contribue également.
Contrairement aux camps « à l’Américaine »,
construits autour de grands axes de communication rectilignes, les chemins
qui le parcourent serpentent et s’entremêlent. Les préfabriqués
eux, sont regroupés par petits blocs de deux sur deux, près
d’espaces boisés. Souvent, un jardin les entoure, des tables
y sont installées et les soldats font bronzette sous le doux
soleil de mai. En matière de confort de vie et d’aménagement,
le « welfare », Film City est à l’avant garde.
On croirait presque voir de petits lotissements particuliers, on se
surprend même à chercher la niche du chien, ou à
guetter une odeur de barbecue. Hormis l’omniprésence des
treillis et des véhicules militaires, rien ne rappelle l’atmosphère
d’un camp militaire.
Sophie Cavalier et François Guinle
Crédit photo
Etat-major de la Kosovo Force (sophie cavalier)