La diversité "ethnique"
de la Kfor
Les patrouilles se suivent mais ne se ressemblent pas. Deux gendarmes
de l’escadron français se rendent dans les enclaves aux
alentours de Mitrovica. Treize militaires danois traversent les zones
d’habitation mixte au même endroit. Pour tous, le même
but : entrer en contact avec la population et récolter des informations
afin de rendre compte de la situation.
Linkin Park résonne, les hommes chantonnent. Leur physique d’adolescent
ferait presque penser à un camp de vacances, s’ils n’étaient
pas vêtus du treillis de rigueur. Ils embarquent le matériel
nécessaire : casques et fusils d’assaut, mais aussi leurs
derniers titres de musique. Tout le monde s’installe dans la jeep
désignée et les plus chanceux profitent des sonorités
de la JVC. Le convoi quitte le Bataillon danois sur le son des Destiny
Child.
Au même moment sur la route de Priluzje, la sobriété
règne dans la voiture de patrouille française. La discussion
traite des enclaves à visiter dans la journée et des derniers
retours serbes dans les quartiers.
Au nord ouest de Mitrovica, les trois P4 se garent sur le chemin de
terre. Deux hommes descendent et se dirigent vers les habitations à
quelques pas de là. Leurs fusils d’assaut sur le dos, ils
retrouvent l’interprète serbe. Les passants s’arrêtent
et répondent aux questions des militaires qui sondent l’ambiance.
Peu répondent. Un vieil homme exprime clairement son manque de
confiance en l’interprète. Pour cause, il lui reproche
un léger accent du « sud » . Les danois sourient
aux enfants, puis retournent au convoi. Quelques vols seulement de poules
et de bois : deux minutes plus tard, les voilà repartis vers
"Montmartre", l’une des deux zones d’habitation
mixte de Mitrovica. Sur le chemin du retour, les enfants les saluent
ou... les huent. Les plus jeunes tendent la main et attendent la tape
amicale du soldat. D’autres lancent des gravas vers les véhicules.
Une jeep stoppe au milieu du chemin. Un enfant de quatre ans s’est
précipité en voyant le convoi. Il tend un brin d’herbe
cueilli près de là.
Alors que dans l’enclave serbe, les deux gendarmes français
partagent l’apéritif traditionnel, à base de slibo,
de café et de coca local. La slibo est laissée de côté,
les lèvres tout juste trempées afin de ne pas vexer. Dans
le salon d’une maison sinistrée, ils écoutent le
récit des derniers événements et les notent consciencieusement.
Puis direction Golbuljia, dans le même état d’esprit.
Une fine mélodie filtre de la Defender, celle d’Accord
FM, la radio signée BMN NE / Kfor.
Pour les danois, un poste de contrôle mobile se met en place
sur la route « chat ». A l’arrière d’un
véhicule, Jürgen se repose. Son voisin se concentre sur
une revue de charme. Durant une demi-heure, les soldats vont stopper
et vérifier les voitures qui passent.
Troisième visite pour les gendarmes. Il s’agit de Miroce,
désertée par les serbes en 2004, aujourd’hui habitée
par deux familles albanaises. Le travail s’effectue sans heurt,
et l’émotion se lit sur le visage de nos informateurs.
L'un des deux gendarmes effectue ce travail depuis six mois. Elle quitte
la province la semaine prochaine, la laisse elle et les habitants qu’elle
connaît dans le même état qu’en décembre
dernier.
La troupe danoise s’apprête à rentrer au camp. Dernier
arrêt en ville : ils dévalisent un marchand de glaces entre
deux revendeurs de "faux". Les blagues fusent, le groupe s’amuse.
Sophie Cavalier
Crédits photos de sophie cavalier
La patrouille danoise sur le terrain
Dans sa jeep, le danois est roi