REPORTAGE 2005
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13 mai -
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13
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14 mai - héros
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15
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15 mai - histoire
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mai - grande muette
16
mai - bonheur retrouvé
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16 mai - les larmes
16 mai - jeunesse
17 mai
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17 mai
- tombeau de l'avenir
17 mai - les femmes
18
mai - rêve européen
18 mai - film city
18 mai - entretien
journaliste
CARNET DE ROUTE
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12 mai - impressions
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14 mai - à fleur de peau
15 mai - c'est dimanche
16 mai - exercices
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Le malaise sans nom
Des sacs en plastique flottent au gré du vent, hauts fixés
sur de vieilles planches ; voici les épouvantails des champs
de Golbulja. Entre deux villages albanais, les 300 habitants de l’enclave
serbe redoutent la disparition prochaine du point de contrôle.
Les kosovars des villages voisins traversent fréquemment le lieu.
Les enclavés craignent ces passages répétitifs.
La maison de l’ancien maire est un palace face à la misère
alentour. Une petite ferme qui permet à la famille de Spasic
Milan de vivre dans de meilleures conditions qu’avant. L’étable
au fond du jardin, le moulin à maïs chez le voisin et les
produits récoltés dans sa parcelle sont autant de moyens
pour survivre en autarcie. Coupés du reste de la région,
les habitants profitent de la quiétude apparente.
Spasic reste pourtant sceptique : « Je préfère quand
il existe quelques tensions avec les villages voisins. » Un discours
détonnant de la part de l’ancien maire. « Ici, quand
tout est calme, nous pensons que quelque chose se prépare »,
explique-t-il. Le calme fait donc office de mauvais présage.
Une perception partagée par tous, que Spasic a connu durant ses
deux mandats, de 1992 à 2002. Au nord-est du Kosovo, 250 000
habitants d’origine serbe ont fui la province lors des violences
de 1999. Six ans plus tard, 12 000 seulement ont retrouvé leur
foyer. Vingt-cinq familles n’ont jamais remis le pied sur Golbulja.
Celles-ci vivent aujourd’hui en Serbie.
Les maisons trouvent de nouveaux propriétaires. D’origine
albanaise seulement. Certains n’hésitent pas à payer
au prix fort. La mafia albanaise se charge d’assurer les fonds.
Elle régit la province, partage les habitants, dans une ethnie
et dans l’autre. La mafia creuse le fossé de la misère.
Aucune différence entre serbes et albanais. La misère
a ce pouvoir de regrouper les hommes. Au fond du trou, tout se mélange
; pour en sortir, il faut marcher sur l’autre.
Je vois dans le regard triste de Spasic une résignation. Le présent
ne lui apporte aucune solution, et son passé le remplit de méfiance.
Lorsque le poste de contrôle disparaîtra, peut-être
en fera-t-il de même. Avec sa femme et ses enfants, sans aucun
lieu de prédilection. Le marc du café turc gît au
fond de sa tasse. Pour le moment, sa résignation réside
à ne pas y penser. Une attitude chez cet homme à l’image
de la fatalité balkanique depuis trop longtemps affirmée.
Alors il sourit à sa fille, à ses amis.
Sophie Cavalier
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